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NORSEMAN [Edition 2025]

  • Photo du rédacteur: Benjamin Schmetz
    Benjamin Schmetz
  • 17 août
  • 14 min de lecture

PREFACE


A mes lecteurs : ceci n'est pas un compte-rendu de triathlon. Les histoires des mecs qui avec des "si" sont champions de tout, les histoires des mecs qui chient leurs gels MAURTEN à chaque Cathy cabine qu'ils rencontrent, les histoires des mecs qui perdent leur sac en transition, les histoires de drafting,,...

Ce contenu certes divertissant fleurissant sur Facebook ne fleurira pas sur "Just.A.Simple.Ride".


Ceci est l'histoire du Norseman vu à travers mes yeux et mes mots.


J'ai mûri ma réflexion sur la pertinence de ce récit. "Just.a.simple.ride" est sorti de terre tel un jeune cerisier du japon qui d'année en année se voit grandir. Les teintes plutôt blanchâtres de sa jeunesse en sont les premières aventures laissant succinctement la place à chacune des fleuraisons printanières à une teinte plus rosâtre, à l'image de récits plus enivrants.

Ceci existe à la condition unique qu'il n'en soit pas un récit de triathlon.

Ceci existe parce que, je rejoins les mots de Harek le fondateur du Norseman, c'est un carrefour entre un défi d'endurance et une petite aventure.

Ceci existe parce que c'est l'histoire simple d'un adolescent qui dans sa chambre d'enfance tombe sous le charme d'un reportage relatant "l'Enfer du Norse".

Ceci existe parce que ce même adolescent se retrouve au départ treize ans plus tard.

Ceci existe parce que, toujours ce même ado, avait notamment comme livre de chevet "les 40 défis d'endurance les plus durs au monde" et qu'il en a coché quelques uns. Et il est aujourd'hui en route.

Ceci existe parce que mes professeurs de français me mettaient en échec scolaire, pourtant leur écriture n'ayant jamais atteint un millième d'once de charisme de la mienne. Une dédicace serait s'abaisser à leur médiocrité.

Ceci existe parce que tout est tellement simple. Il suffit. Il suffit d'y croire. Il suffit d'avoir envie.

Ceci existe parce que j'ai bouclé ce Norseman et qu'il y a eu un jaillissement d'émotions au moins aussi intense que ce que j'avais imaginé.


L'ENDROIT LE PLUS SÛR POUR UN BATEAU EST LE PORT. MAIS CE N'EST PAS POUR CA QUE LE BATEAU A ETE CREE


Le ferry quittant Eidfjord à 04h00, 250 athlètes à son bord
Le ferry quittant Eidfjord à 04h00, 250 athlètes à son bord

J'apprécie planter le décors d'un évènement pour que mes lecteurs puissent s'y immerger et les emmener plus profondément dans l'histoire. Il s'agit de dénicher la subtile métaphore, de transposer des analogies venues de nulle part à des phrases simples mais dont la tournure respire le sentiment le plus proche de ce que j'ai vécu.

Cette fois j'ose l'entorse à mes habitudes peut-être aussi à cause de la fénéantise aiguë qui m'atteint, je fais l'impasse sur la description de ce Norseman. Les plateformes vidéos regorgent tellement de contenu à vous faire remettre en question vos choix de vie en un unique visionnage que je ne saurai atteindre par les mots ce degré de "beautitude" (oui avec le "u").

Je prends sur moi un court instant avec ce vulgaire descriptif qui suit digne d'un western hollywoodien sans relief. Quand j'explique le Norseman à un public non averti ça me rappelle les "ah oui c'est comme le kayak" lorsque j'expliquais autrefois que je pratiquais l'aviron.

Le Norseman c'est un triathlon longue distance se déroulant chaque premier week-end d'août en Norvège consistant à nager 3,8 kilomètres dans l'eau glacée d'un fjord, traverser un morceau de Norvège vers l'Est à vélo soit 180 kilomètres vallonnés pour ensuite finir par courir un marathon dont la deuxième partie vous amène au sommet d'une montagne nommée le Gaustatoppen (lieu réputé pour la randonnée en Norvège).


Vue depuis le parcours vélo
Vue depuis le parcours vélo

Le triathlon est un sport à l'histoire récente dont l'est encore plus celle de l'Ironman, la version longue distance dont je vous ai décris les distances juste avant (1978). Si mes sentiments pour cet évènement mondialement connu sont immodérés c'est que le Norseman représente bien plus que cette description abjecte.

Le voyage vers Eidfjord vous fait marcher avec délicatesse sur les pas de la passion.

Sa première édition en 2003 marque sa place historique dont je salue l'épisode de sa création. Deux Norvégiens ont la volonté mettre en lumière le triathlon dans leur pays natal, jusque là peu pratiqué, en créant un évènement unique ; le triathlon le plus dur au monde qui ne serait pas qu'une course mais un voyage à travers la Norvège et qui impliquerait la famille et les amis qui feront leur assistance.


Surtout le Norseman est resté ce qu'il est à l'état brut. Le même père fondateur (Harek Stranheim) est toujours au commande et cette bande de passionné a réussi ce défi fou d'évoluer avec son temps, je pense à la partie média, en conservant son côté exclusif.

Beaucoup l'ignorent mais un mois avant le jour J une partie de l'équipe organisatrice s'élance sur la course en "OFF" pour s'offrir un Norseman dans l'anonymat le plus complet. A la petite nuance qu'ils s'élancent depuis la berge mais ils respectent strictement les barrières horaires imposées. Mon sang s'échauffe au simple constant de ce geste passionnel de l'organisation, trouvez-moi un évènement aussi dur sur terre où les organisateurs font de même.

A la montée dans le Ferry la poignée de main que j'ai reçu de Fredrik le manager principal du Norseman et le "good luck" qui s'ensuit n'était pas anodin. Elle témoignait bonté et reconnaissance au travers d'une main ferme de Viking contrastant avec la moiteur de la mienne.

Avec la légende Bent Olav Olsen
Avec la légende Bent Olav Olsen

Et puis Olav. Un visage singulier, un personnage sorti tout droit d'une série scandinave. Olav (véritablement "Bent Olav Olsen") est un peu l'image de toute cette équipe organisatrice. Régulateur, responsable de "beaucoup de choses", il est le principal contact avec les athlètes. Ses mots au briefing : "They are the good guys, I'm the bad one". J'aimerai passer un mois dans sa vie avec la certitude d'avoir de quoi écrire trois bouquins sur sa vie à mon retour.

On l'avait déjà fameusement repéré en 2023 avec mon ami Pierre dont j'étais venu faire le support.

Cette année j'ai timidement accosté Olav pour le remercier et se soustraire à un petit devoir photographique, un souvenir que je conserverai précieusement. J'ai alors senti un brin de sensibilité, peut-être avais-je touché Olav. Vous ne le verrez pas sur la tête de course. C'est le mec qui accueille les t-shirts blancs au milieu de la nuit. Merci pour ton énergie positive. You're the good guy.


LA BOUSSOLE


J'ai toujours donné beaucoup d'énergie dans les projets qui m'animent avec le défaut de délaisser ce qui ne m'enchante guerre.

Je n'ai jamais lâché de vue la petite flamme qui brûlait au fond de moi pour cette course. Loin d'avoir mon existence qui en dépend. Loin d'en faire une ultime quête dont l'aboutissement considérerait une fin. Loin d'en être un acharnement ou une obsession. Mais une envi débordante. Déterminé à en être un jour. Avec cette volonté de participer à moins d'évènements mais que chacun de ceux sur lesquels je m'engage en soit le résultat d'une maturation intérieure qui puisse me servir de moteur quand tout devient difficile.

Ce n'est pas toujours le jour de la course que vous avez besoin de ce coup de pied au cul. Ce sont les jours où vous prenez le chemin de l'entraînement fatigué de votre journée de travail. Ces jours où vous n'avez pas le temps. Personne n'a pas le temps. Ces jours où vous devez fracasser le mur du quotidien formé par la pression sociale et les petits soucis. Pour vous frayer un chemin afin de parvenir à votre dessein.


Je participe au fameux tirage au sort depuis 2017. J'ai manqué les années Covid puis 2025 a sonné le glas. Des 250 précieux sésames, le quota est tombé à 125 il y a deux ans lors de la refonte du circuit Xtri et le nouveau format d'attribution.

Le Norseman est devenu ce fameux championnats du monde de triathlon Extreme, réservant en partie l'autre moitié des places aux premiers triathlètes des courses annexes et aux coureurs cumulant des points (Swissman, Celtman, Icon,...). C'est exactement ce qui a amené tout récemment une densité énorme, tirant le niveau vers le haut. Et c'est tant mieux.

125 chanceux, ce quota annuel rendant la sensation d'en être comme une bénédiction sur le chemin de sa propre vie. C'est ainsi que je l'ai vécu. Je n'y retournai pas, évitant d'encombrer une loterie dont tellement d'autres en rêve. Chacun son tour.

Le nombre de postulants s'élevant entre 6000 et 10 000 selon les années la probabilité rend la chose atteignable mais contrôlez quand même où se trouve votre mari ou femme si vous êtes tiré au sort.


Cette course, c'est la juxtaposition de deux envies. Celle de refermer pour de bon le chapitre "triathlon" dans un endroit symbolique. Ensuite celle de faire une course "pleine" comme on dit dans le jargon.

Un de mes plus gros défi a été de réassimiler la natation et de réapprendre la course à pied dès l'annonce du tirage au sort. 9 mois pour rattraper le néant depuis 5 ans dans ces deux disciplines. Il a aussi fallu optimiser l'approche, mon horloge biologique étant habituellement hors forme fin juillet depuis plusieurs années.

Je pointe cette absence totale de transition vélo-course à pied dans ma préparation effectuée avec rigueur mais dont le constituant principal étant l'absence d'éventuelles contraintes. Je ne suis pas un triathlète et je ne souhaite pas le redevenir.

Tout a fonctionné à merveille je débarque sur Eidfjord accompagné de mes supports en forme olympique et le couteau entre les dents. Le sourire au lèvre, le brin de tension qui suffit et le stress à sa juste dose.


FERRY


Il en est des moments qu'il vous tarde d'en être. Ces moments où vous avez cette certitude que lorsque convergent le lieu, les faits et le timing vous êtes à l'aurore de ce instant qui pourra plus ou moins durer en fonction de votre appréciation. La montée sur le ferry et cette attente avant le grand saut en est un fabuleux qui a une pétillante saveur parce qu'il est étalé sur un créneau d'une heure. Entre le moment où j'accède au bateau, 03h45, et celui où je m'élance dans le fjord, 04h45. Je n'ai pas ressenti de tension quelconque mais plutôt des regards douteux, des yeux cernés par ce départ au milieu de la nuit. Encore une difficulté qu'on ne lit par sur le roadbook mais il faut se réveiller vers 01h30, déposer son vélo à 02h45,...C'est de nuit que débute cette odyssée. D'habitude utilisé pour transporter des véhicules d'une rive à une autre (la Norvège regorge de fjords et leurs impressionnantes largeurs compliquent la construction potentielle de ponts), nous sommes installés à même le pont du ferry. L'entonnoir se réduit, l'échappatoire est unique, la seule solution est de rejoindre Eidfjord à la nage. Placé dans les premiers pour sauter je crains le choc de l'eau froide. J'ai du mal à percevoir la hauteur dans le noir. Je jette un dernier regard vide d'émotion avant de sauter à la recherche d'un quelconque obstacle dont l'inexistence me signifie le feu vert. Une fois dans l'eau je m'empresse de mettre mon corps en mouvement et après une centaine de mètre je marque un arrêt. J'ôte mes lunettes, je me retourne et contemple ce ferry toujours immergé dans le noir. Les énormes spots LED contrastent avec la brume s'élevant au cœur du fjord dont on commence à deviner les saillants sommets à la vitesse de la lueur de jour apparaissant. La file d'athlètes s'élançant se réduit. Le spectacle est silencieux, la vue que j'ai depuis ma position vaudrait la plus belle prise de vue pour un photographe. J'insiste en imprimant cette image en moi, gardant ce souvenir qui vaut bien plus que n'importe quelle photo.


Le saut depuis le Ferry
Le saut depuis le Ferry

La départ est donné par le coup de klaxon du ferry. Il s'ensuit une bataille silencieuse, la tête alternant avec la froideur de l'eau glissant sur le visage et le regard admirant le jour levant, d'un bouche captant une respiration métronomique. C'est tout le temps tout droit. Je n'ai aucune notion du temps, ça ne me semble ni court ni long. L'eau est calme, la perspective d'Eidfjord se rapproche, il faut juste faire un gros virage à gauche avant de boucler les derniers trois cents mètres.

Je nage dans ce fjord comme Van Gogh a décrit "La Nuit étoilée" : "la nuit est beaucoup plus vivante et richement colorée que le jour".


A BICYCLETTE


C'est presque tout ma vie. La petite reine m'a bercé, ensuite elle m'a passionné, ensuite elle est devenue un mode de vie. Aujourd'hui c'est tout un équilibre. Mon vélo me ramène quotidiennement à l'équilibre, il est mon alcalinisant à l'acidité du quotidien. Certains parleraient de bigorexie, c'est d'ailleurs toujours ceux qui en font le moins qui ont le plus d'avis sur tout. Un de mes fondamentaux est de nourrir des projets, qu'ils se concrétisent ou pas, et les kilomètres m'apportent des idées à la pelle. Aurevoir, merci et bon week-end.

Non je continue.


Lors de la première grosse ascension, dès le kilomètre 10
Lors de la première grosse ascension, dès le kilomètre 10

Le parcours du Norseman est le parcours vélo le plus complet que je connaisse, vous y retrouver de tout. De la longue ascension en passant par le raidard, les routes toboggans, le vent, les décors changeant,...

J'ai peu à vous raconter tant ça m'a semblé passer vite. Me permettant une remontée express après la natation, j'ai payé cher mon choix matériel sur les hauts plateaux que nous traversons, avec mon compact face aux vélos de chrono. C'était un choix assumé, je ne voulais pas remettre d'argent dans ce sport couteux sinon on en a jamais fini. L'idée m'était venue d'au moins monter un 54 qui me semble l'idéal. Ca m'a pris la tête de chercher un pédalier, j'ai décidé de donner avec ce que j'ai et c'est très bien ainsi. Un 11e temps vélo, les 180 km et 3000m de D+ en 5h35, j'espérais beaucoup mieux au vu de ce que je sais faire. Pour me consoler, ça reste des watts conséquents que peu d'amateurs peuvent envoyer.

Mes supports m'attendent fermement à T2 où je profite de la nudité autorisée pour faire sourire la petite foule située derrière la barrière nadar.


GAUSTATOPPEN


Finir au sommet d'une montagne. Le Gaustatoppen. On s'y fait, le Norseman est populaire et c'est rentré dans nos têtes mais franchement les mecs ont été fabuleux d'avoir eu cette idée en 2003. C'est ce qui s'appelle être novateur. Ca me fait penser à l'UTMB que je rêve de boucler un jour, c'est une dinguerie quand on y pense. C'est tristement devenu banal à force d'une surenchère de kilomètres, de durée, de vitesse. Surtout quand vous baigner dans un cercle social majoritairement composé de sportifs d'endurance, ce qui n'est pas banal l'est devenu. Soyons satisfait de ces choses. Je reçois des messages comme "mais c'est incroyable ce Norseman,...", mais n'importe quel ultra à vélo est plus exigeant, plus fatiguant, plus âpre. Puis je m'assieds calmement sirotant une petite bière à la main et je me force à me donner satisfaction. Je suis plutôt fier de l'avoir bouclé, d'avoir porté la pression que je m'imposais. J'en ai rêvé depuis longtemps, faut-il encore être tiré au sort une année où je peux voyager en Norvège en août, il faut réunir le budget, il faut se préparer en conséquence,... L'équation est loin d'être simple.


Je glisse cette petite parenthèse qui rejoint ma parole sur la banalisation des courses d'endurance, toutes disciplines confondues. Le Norseman implique depuis plusieurs années une communauté de chercheurs, médecins et physiologistes, qui recueillent des données de terrain soit des facteurs sanguins et pulmonaires en amont et aval de la course avec 3 mesures distinctes : avant la course, directement la ligne franchie et le lendemain. Les mecs montent une centrifugeuse au sommet de Gaustatoppen c'est dire leur implication. Ils n'ont pas encore massivement publié mais on trouve sur Youtube un super interview d'un médecin qui met en lumière les marqueurs cardiaques d'après-course qui sont identiques à ceux d'une crise cardiaque imminente. Ces marqueurs reviennent très rapidement à la normale le lendemain. Cela atteste de l'arduité de l'effort. Il y a débat mais retenez les conclusions éclaircies de ce même médecin, mieux vaut être un sportif de l'extrême qu'un "couch potato" (sédentaire de canapé).


1800 mètres de dénivelé sur un marathon c'est hors-norme. La course est divisée en trois parties. Un premier 25 kilomètres roulant mais pas plat. Il faut courir sur la bande de gauche d'une route non fermée à la circulation. Le peu de trafic routier ne rend pas la chose désagréable, on a même la chance de longer un lac sur les 15 premières bornes. La deuxième partie c'est le fameux Zombie Hill, une route très pentue (+- 10%) qui nous amène au kilomètre 37, lieu-dit de la fameuse barrière des t-shirts blancs et t-shirts noirs. Parce qu'au Norseman les 160 premiers ont le droit de grimper en haut de la montagne, le solde restant dû fait demi-tour pour finir le marathon en contre-bas. Encore une dinguerie de l'espace que j'apprécie tellement.

Lors de la dernière ascension
Lors de la dernière ascension

Le kilomètre 25 c'est l'endroit à partir duquel vous pouvez être accompagné de votre support. Et il m'a fait sacrément du bien, c'est peu dire. Quelques soucis gastriques, une repeinte vomito du bitume de Zombie Hill, j'avais bien besoin d'un peu de réconfort.


Kilomètre 37, la montagne, le final countdown. C'est la clôture de Tomorrowland par Charlotte de Witte. C'est Fabrice Luchini qui vous récite du Rimbaud avant de vous endormir. C'est du Van Aert dans Montmartre. Vous rentrez dans la cinquième dimension, celle qu'enfant vous ignoriez et qu'adulte vous pouvez concevoir. Le Gaustatoppen, il m'a transcendé. Je ne me suis pas nourri les cinq dernières heures mais je grimpe ce sentier avec une telle énergie que ça pourrait durer des heures. Il fait une météo exécrable, ce que nous envoie Odin sur la gueule est violent. Mes supports me demandent si je veux mettre des couches mais je décline. Je m'étais fait une promesse qui peut paraître idiote, celle sous forme d'un clin d'œil aux Norvégiens et ce peuple solide, que peu importe la météo qu'on ait à affronter je finirai en short/t-shirt.

L'épais brouillard et les rochers rendent même l'orientation pas toujours certaine.

C'est le son qui nous signale les tous derniers mètres et l'arrivée imminente. Vers cet endroit dont j'ai tant rêvé. J'avais essayé de l'imaginer mais tout est différent. C'est encore mieux en vrai. Ces dernières marches dont jouxtent deux poteaux à la typologie blanche sur fond noir "Norseman, Xtri World Championship" que l'on distingue dans les ultimes mètres, l'épais brouillard rendant le moment évasif.

J'embrasse le tapis à même le sol, m'inclinant face à la beauté et la difficulté. C'est mon Valhalla qui convient merveilleusement bien à un petit enterrement, celui du triathlon.


La mythique ligne d'arrivée au sommet de Gaustatoppen
La mythique ligne d'arrivée au sommet de Gaustatoppen

Et puis rien n'est jamais fini il y a ce petit épisode épique que j'ai aimé, le retour par un téléphérique sous terre pour les athlètes exténués. Ce funiculaire à l'histoire improbable dont moult athlètes ignorent l'origine. Financé par les américains pendant la guerre froide il permettait d'accéder au sommet, lieu stratégique servant de station radio et radar.

Je redescends le corps tremblant de froid, équipé des fameuses couvertures qu'on vient vous déposer sur le dos avec compassion une fois la ligne franchie.


PARENTHESE CARTESIENNE


Quand dans le passé la performance seule m'importait, j'y attache maintenant une proportion moins envahissante. Les aspects plaisirs, les émotions, les décors, les rencontres,... tout ceci prenant une place tout aussi importante. C'est un tout qui baigne dans un délicat équilibre dont l'absence du moindre maillon affaiblirait l'ensemble.

J'aime les données. J'aime la physiologie de l'effort. Je me dois de porter ce regard rationnel.

Sur les dernières éditions mon temps de 11h47 me classerait 10e, 18e, 6e, 8e.

C'est la première fois que des sub 12h00 sont hors du top 20. La raison est, comme je l'expliquais en amont, expliquée par la densité du Xtri World Tour. Donc oui j'imaginais faire beaucoup mieux que 21e.

Ma plus grande fierté est d'avoir fait une course pleine bien qu'ayant perdu quelques places en courant, c'est surtout les autres qui étaient très solide. 43'/10km, 1h38 au semi, je n'avais plus la force de courir dans Zombie Hill. J'ai surtout très bien nagé, du courant contre et une distance dépassant les 4 kilomètres en 1h06. C'est compliqué d'avoir une mesure étalon dans ces conditions. La tête de course élite sort en 53', mon 30e temps me confirme cette capacité d'aller vite en eau libre contrairement à la piscine.

Quand j'écris un scénario parfait, avec le bon matériel, les quelques petits ajustements à corriger, je ne rentre quand même pas dans le top10. Comme dirait Keke, si c'est pour faire 12e, 15e ou 21e on s'en bat les couilles.


Je suis à ma place. Je la trouve belle cette 21e place.


Et puis toutes ces choses non contées. Le Norseman est une aventure car au-delà de la course il y a un voyage combiné à une logistique épique. Chaque moment est d'une intensité folle qui ne retombe qu'à votre retour à la vie normale. Les liens que vous tissez avec vos supports sont ad vitam aeternam. Et puis j'ai un peu menti car il y a un pilier manquant, j'écris ici qu'on ne m'enterra pas avant que je sois allé à Hawaï. Ce sera pour bien plus tard tel un retraité brûlant son oseille sans scrupule. Je ne me cache pas sous un éventuel prétexte de prolétaire face au monstre capitaliste Ironman mais mon humeur actuel est aux voyages, au bike packing, aux compétitions d'ultracyclisme me repoussant tellement loin dans mes limites que je reviendrai un jour chercher du confort sur Ironman.


Soyez vous-mêmes. Faites ce qui vous plaît. Les mœurs sont nos pires ennemis, il y a autant d'individus sur terre que de manière de vivre.


J'ai écris ceci sur le poster du Norseman. Parce que Remy il avait compris beaucoup de choses.

C'est en faisant n'importe quoi qu'on devient n'importe qui
C'est en faisant n'importe quoi qu'on devient n'importe qui

Merci au Norseman crew.

Merci à la vie. Tu es une catin mais des fois tu le rends bien.


D'ailleurs les mercis c'est faux-cul, c'est has been, c'est sans relief mais je ne peux clôturer cet article sans rendre grâce à mes supports, je vous ai dit en Norvège ce que j'avais sur le cœur. Et Pierre il est toujours là, ce mec que j'appelle à n'importe quelle heure pendant mes galères sur ultra et qui a ravivé la flamme en 2023. Et les autres.


Benja











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